Plusieurs groupes au compteur, des premières parties de La Femme ou Nina
Hagen, et une grosse envie de tout casser : pour son premier album L’amante
religieuse, Isïa Marie applique à sa pop l’insolence du rock qu’elle aime tant.
Être rock’n’roll, ce n’est pas qu’une question de style musical, de cris dans un micro,
de bière sirotée dès 8 heures du mat’ ou de double pédale ! Pour Isïa Marie, c’est un
état d’esprit. Une rébellion, un affranchissement, un cassage en règle des codes
imposés par la société ou par l’enseignement classique. Dès ses trois ans, alors qu’elle
arrive tout juste à se hisser sur le tabouret, elle commence le piano sous l’oeil attentif
de sa mère professeure au conservatoire. A la maison, Debussy, Bach, mais aussi
Gainsbourg, Higelin (qui a inspiré son prénom) et Jimi Hendrix tournent en boucle,
adorés par sa mère pianiste et par son père trompettiste professionnel. La musique
fait partie de la vie familiale et dès l’adolescence Isïa chante constamment, joue de la
guitare électrique dans plusieurs formations rock (Dixit, Eden Pill, Mante), prend des
cours de théâtre, et ne peut finalement plus le nier : ça sera la musique, actuelle, pas
classique, qui occupera sa vie d’adulte. Et tant pis si ça fait peur.
Parce que c’est ça pour Isïa être rock’n’roll : dépasser ses craintes, être insolente
quand il le faut, oser être grande gueule et l’ouvrir sans demander la permission.
Après un EP pop (J’peux pas dormir en novembre 2021) où sa voix se faisait douce et
éthérée, un single remarqué évoquant les violences conjugales (« C’est pas toi c’est
moi »), et des premières parties de La Femme, Rover ou Nina Hagen, son premier
album L’Amante religieuse a le goût d’un coup de gueule, d’une revanche. Contre
ceux qui ne savent pas se taire (« Tu parles trop »), ceux qui ne la respectent pas («
Dernière Fois »), contre ce monde qui lui dit à quoi elle devrait ressembler à l’aube de
sa vie d'adulte.
(« Beau miroir ») et en règle générale contre ceux qui voudraient lui imposer quoi
faire. L’auteure-compositrice-interprète part en « Rodéo », infuse de la pop dans son
envie de rock, assume sa féminité, sans plus la construire via le regard des autres.
Avec, toujours en ligne de mire, ces pop-stars américaines capables d’offrir des show
millimétrés sans oublier leur identité, à l’image d’une Miley Cyrus affranchie pour
toujours de ce qu’on attendait d’elle.
Ses compositions visent la pop fédératrice, elle qui a été biberonnée à Britney Spears,
Avril Lavigne, No Doubt ou, plus récemment, l’éclectique Blurryface de Twenty One
Pilots, tout en faisant preuve d’une maîtrise érudite et sans faille de sa fidèle guitare.
Une mante religieuse croqueuse mais sensible, qui a trouvé dans une carrière
parallèle de comédienne de voix off un moyen de se sentir complètement libérée en
musique. A savoir se confier sans filtre dans des chansons qu’elle compose, écrit ou
co-écrit, arrange et produit, et enfin assumer qui elle est : une grande gueule pop,
dont la guitare et l’esprit s’égareront toujours du côté des rebelles.